Alors voilà, on s’est dit que :
- je partageais souvent des photos des mêmes randonnées ici,
- j’ai suffisamment documenté les alentours de Bergen pour le blog,
- il pleut vraiment beaucoup à Bergen
- aucun champion olympique venant de Bergen, c’est la honte
- l’été amène pleins de touristes et, avec mon sac Quechua, je risquais de me perdre parmi eux
- les dialectes des environs étaient vraiment trop faciles
Et on a déménagé à Trondheim.
NON JE RIGOLE à propos des dialectes – le reste est pas totalement faux.
Il y a quelques temps j’ai fait un entretien tout en norvégien à la fin duquel j’ai annoncé que j’avais une brioche au four (je reviendrai sans doute sur cet étonnant sujet, dans quelques mois), ils m’ont embauché, et ça remonte drôlement le moral après tous les entretiens que j’avais passés.
Alors on a fait nos cartons, on a vendu les kayaks et on a déménagé. Nous avons quitté Bergen le cœur lourd, mais nous sommes contents que les choses bougent un peu – vous pouvez inverser les deux propositions de cette phrase en fonction de la météo et du retard des bus, nos nouveaux archenemies.
Les habitants de Bergen nous ont bien brieffé sur Bartebyen (soit Moustache-city) et ses alentours.
C’est de bonne guerre puisque notre voisin, en apprenant qu’on avait vécu 3 ans à Bergen, a dit “Bergen ? C’est pas vraiment la Norvège ça”.
Voici quelques trucs à savoir sur Trondheim : il y pleut (en volume) moins qu’à Bergen. Heureusement, parce que le contraire est difficilement imaginable – en revanche plusieurs sources ont signalé que le nombre de jours de pluie était quasi similaire. Ah.
La ville est plus au nord, à 63.25 degrés (le cercle polaire est à un peu plus de 66 deg.N) : il fera donc encore plus nuit l’hiver. La ville est orientée vers son fjord, au Nord, et il y a des collines au sud, autant dire qu’il est difficile de savoir combien de temps le soleil se lève au dessus des reliefs – mais remarquons qu’à Bergen, le soleil d’hiver est souvent caché par le temps grisâtre. En ce moment par contre, c’est la fête de la lumière : le soleil se couche mais il ne fait jamais vraiment nuit. Ça donne une énergie folle le soir et le matin, qu’on paye malheureusement le reste de la journée.
Les collines sont plus éloignées du centre-ville, les reliefs sont plus doux. On peut tout de même sortir facilement et profiter du grand air, et cela a l’avantage de ne pas découper la ville en vallées comme à Bergen. Moins de tunnels, plus de possibilités pour les cyclistes (ohlala les belles pistes cyclables!), mais également plus de possibilités en train. Alors qu’à Bergen qu’il n’y a qu’une seule destination, Oslo, à Trondheim il y a quatre chemins de fer : deux vers Oslo, un vers la proche Suède, et bien sur la voie vers le Nord que l’on avait empruntée pour aller à Bodø sur la route des Lofoten.
La ville est chargée d’histoire puisque c’est ici que les rois sont couronnés. Elle est aussi chargées d’étudiants (norvégiens ou Erasmus) grâce au NTNU, l’université la plus réputée du pays. Après le mois de mai, Moustache-city est un peu désertée certes, mais on m’a prévenue : mieux vaut ne pas avoir à aller à Ikea au mois d’août!
Voilà pour les informations communes que vous trouverez n’importe-où. Passons maintenant à de l’inédit et de la moustache bien coiffée!
Parlons d’abord de cette fameuse histoire de moustache : eh non, il n’y a pas plus de gens que ça qui ont des moustaches. En revanche, la ville est la seule à pouvoir se vanter d’avoir organiser deux fois les championnats du monde de Moustache et de Barbe.
Depuis le début de l’article, vous devez sans doute prononcer dans votre tête “Trondailleme”. Nous aussi on faisait ça au début, et tout le monde nous reprenait toujours, mais jamais comme la précédente personne. Il doit y avoir un million de façons de prononcer Trondheim, mais il y a deux écoles : Tronne’heilleme (en inspirant le h – le d quant à lui est généralement muet en norvégien) pour beaucoup, et Tronne-ième pour les locaux qui se revendiquent donc de Trondhjem. Enfin c’est la théorie, parce qu’il y a bien des norvégiens qui disent Trondailleme et personne ne les reprend.
En ville, il y a de nombreux carrefours où tous les feux piétons passent au vert en même temps, mais très brièvement. Alors la moitié des gens vont en face ou sur un côté, et l’autre moitié traverse en diagonale. Je trouve ça fascinant à chaque fois.
Il y a encore beaucoup de champs dans la ville, et donc beaucoup de tracteurs – certains matins sur le chemin du boulot je peux croiser jusque 5 tracteurs. D’ailleurs, je crois que je n’ai jamais vu autant de panneaux Interdit aux tracteurs. Autre lien cause-à-effets : la région du Trøndelag se revendique comme terre de terroir et il semblerait plus facile de pouvoir acheter local. Pour l’instant je n’ai pas encore bien vu la différence (à part que tout produit gourmet vient quasi-certainement de Røros), mais je suis sur le coup. Surtout si les fraises et les framboises arrivent.
Comme partout en Norvège, le dialecte local est réputé terrible – c’est une véritable constante géographique, que vous rencontriez quelqu’un qui vienne de Stavanger, Bergen ou Trondheim, on vous dira “aïe, son dialecte est vraiment difficile”. Ici ils roulent les R (un collègue a dit “t’as vu, elle a pris la façon de ne pas rouler les R de Bergen!”), et les S sont prononcés “ch” (par exemple Oslo se prononce Ouchlou [si possible avec un “ou” un peu ouvert, vous voyez]).
Mais en fait, le Trøndersk, ça va. Le plus terrrrrrrrrrriiible, ce sont les gens qui ne viennent pas de Trondheim. La ville est la capitale économique et technologique d’une région (officieuse) qui s’étend jusqu’au nord de la Norvège. Et bizarrement, la palme du gars le plus incompréhensible revient à un collègue qui vient non pas de tout là-haut, mais de l’autre côté du fjord. Je dois deviner 50% minimum de ce qu’il dit. Je devine souvent mal.
Chose surprenante en Norvège, où l’on se vante d’avoir un système hiérarchique relativement plat : seuls les diplomés du Master es science ou architecture du NTNU ont la possibilité d’acheter un anneau, une facon d’afficher son appartenance au grand réseau d’anciens élèves. Depuis que je l’ai appris, j’ai déjà repéré 3 personnes l’arborant.
Un bus gratuit permet de partir en Harrytur (en Harry-trip, si vous préférez), chaque jour. Un Harry, c’est une personne qui va en Suède acheter pleins de choses comme de l’alcool et de la viande et des bonbons, parce que c’est moins cher.
Oh, il y a bien sur plus à dire encore sur la ville, mais je tiens à équilibrer un peu cet article en mettant quelques photos prises avec mon smartphone – on verra plus tard pour les belles photos développées. Il me reste aussi beaucoup de photos de Bergen à développer, alors bien sur on reverra la ville ici. Mais pour l’instant, nous courons encore après le temps.
La Nidelva, vu depuis le vieux pont (Gamle Bybro) :
Solsiden, d’anciens ateliers mécaniques transformés en bars et restaurants :
Vue sur la ville depuis la tour de Tyholt, où se trouve un restaurant Egon. On fait environ un tour par heure.
Ah ben cool, hâte de lire les articles sur ta nouvelle région. Ça a l’air compliqué de comprendre les différents accents alors en plus en tant que française j’imagine même pas.
Hâte d’avoir le temps de découvrir la région aussi, mais pour l’instant on a de fous WE à base d’ikea et de rangement :-/
Le plus compliqué avec les accents, c’est de devoir faire face à autant d’accents différent en peu de temps/au même endroit (= au boulot), parce qu’on n’a pas le temps de se faire l’oreille qu’il faut déjà deviner ce que dit une autre personne.
C’est toujours un plaisir de me replonger dans l’ambiance norvégienne que j’ai tant aimée lors de 2 longs periples en van et en moto. J’ai un bon souvenir de Trondheim. J’espère que quand la brioche sera à point tu trouveras encore le temps d’alimenter (aussi) ton blog.
Merci! je n’ai pas prévu d’abandonner le blog, mais je préfère le faire sans me mettre de contraintes. Ces derniers temps n’ont pas été propices aux randonnées (ni le temps, ni la forme olympique pour partir de longues heures), et j’ai plusieurs mois de retard sur le traitement de mes photos. Je n’ai pas le soucis de faire un blog exact ou exhaustif, laissons venir les choses comme elles viennent
Super intéressant, votre article! Je ne savais pas pour l’histoire de Trondhjem, ni pour la moustache haha. J’habite à Bergen et je prends enfin le temps de visiter un peu d’autres villes, bientôt Trondheim donc! Jeg gleder meg!
au fait, des idées de rando pour Trondheim et les environs?
Bymarka, à l’ouest
Je n’ai pas encore eu la forme et/ou l’occasion d’y aller, mais c’est l’endroit où se rendent les Trondhjemmer. Il faut dire que les montagnes sont plus éloignées du centre qu’à Bergen.
Nous projetons d’aller en vacances en Norvège l’an prochain, du coup je prends des notes…