L’an dernier, ce même premier week-end de Février, on était allés visiter Trondheim où on avait beaucoup vu les JO à la télé. Pour l’occasion, on avait aussi appris que ce week-end était surtout la fête nationale same – mais qu’on n’était pas au bon endroit. Cette année on a finalement pris nos billets pour visiter Tromsø, tout au nord de la Norvège, pour assister à des courses de rennes en clôture de la semaine same, un peuple qui vit au nord de l’Europe entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie.
Dans mon imaginaire collectif, voilà comment ca devait se passer :
- on assistait à un Joik, le chant same
- on prenait une voiture pour aller sur Kvaløya (l’île des baleines), puis Kvalfjorden (le fjord des baleines) où on aurait vu… des baleines (surtout qu’il y en a beaucoup cette année), puis on aurait fini sur Sommarøy où on aurait pu observer des aurores boréales
- Le lendemain, on aurait assisté au championnat national de lancer de lasso sur des rennes fringants
- puis une conférence poignante sur la condition des sames de nos jours
- on aurait mangé du renne et en sortant du restaurant ca aurait encore été un festival d’aurores, si intense qu’on les aurait vues depuis la ville
- au dernier jour, la course de rennes nous aurait soufflé, et on aurait redécollé sous des aurores, encore, avec des valises pleines de renne séché
Évidemment mon imaginaire collectif était un peu trop optimiste et le passage de la tempête Ole (prononcez “Ouleux“) n’a pas vraiment aidé. On a tout de même été rudement contents de notre WE dans le Troms. On a d’ailleurs vu beaucoup plus de choses que lors de notre premier passage, en revenant des Lofoten.
L’arrivée en avion a annoncé la (non-)couleur :
Le temps de poser les bagages et de se promener, on a eu très faim et alors on s’est dit qu’on arriverait pile poil pour la deuxième partie du Joik mais en fait non, c’était fini. Pour la peine, j’inclus une vidéo de Joik d’un vainqueur Same-Colombien à “La Suède a un incroyable talent” (la musique commence à 2:50) :
Quelques autres photos de Tromsø la grise avant de passer aux choses sérieuses :
Ensuite on a effectivement emprunté une voiture pour aller sur Kvaløya. “Emprunté”, parce qu’on est dans un cercle d’auto-partage qui a des accords avec d’autres villes et nous permet de louer à la wallegaine des voitures. Il suffit de réserver, et de trouver la clé à proximité de la voiture. Généralement c’est drôle, parce qu’il s’agit de petits cylindres cachés dans les murs des immeubles et parfois on se dit que le Geocaching c’est plus facile – et cette fois c’était très drôle parce que les voitures étaient toutes sous la neige.
J’ai donc conduit sur la neige, ce qui me fait une très bonne excuse pour rouler en mode Mamie. Les deux plus belles photos de fjord que j’ai pu prendre :
Finalement on a rebroussé chemin avant d’atteindre Sommarøy, jugeant que la tempête qui arrivait n’augurait rien de bon et que plus on allait loin, moins les voies seraient dégagées et pratiquées. Quitte à rentrer au bercail, on s’est arrêtés à la cathédrale arctique, qui n’est pas tout à fait une cathédrale. On a pu lire ici et là que ce n’est pas la meilleure chose à visiter à Tromsø (sous-entendu que c’est payant : 40 kr) et, même si ce n’est pas faux, c’était bien d’y jeter un coup d’oeil.
J’ai beaucoup soufflé pour essayer de faire une photo à peu près géométriquement correcte – heureusement j’arrive à prendre des photos avec mes moufles :
Au fond il y a une mosaïque, qui est curieuse vue de l’intérieur et très très belle vue de l’extérieur :
Le samedi matin, il faisait beau. Et rien que pour ca, on peut lever les bras en l’air comme les bonhommes dans les coins du bas de la mosaïque.
Le championnat national de lancer de lasso
Dans l’après-midi, on a assisté au championnat national de lancer de lasso – je me permets de le répéter et de le mettre en titre, parce qu’on pourrait croire que c’est pas très sérieux sinon. Mais si, c’est aussi sérieux que le championnat national de course de rennes (voir plus bas). En revanche, le championnat national de saut à ski sur un arbre (skitrehopping), c’est beaucoup moins sérieux :
Mais revenons-en à nos moutons rennes : je m’attendais à voir des rennes gambader sur la place du marché. Ben non. L’installation pour le championnat est montrée ci-dessous. Au passage, quitte à montrer une photo pareille, vous noterez qu’il y a pleins de graviers par terre : c’est parce que lorsqu’il neige, les norvégiens balancent des cailloux en masse pour ne pas glisser. Et ça marche plutôt bien.
Voici les règles : les concurrents se placent sur la structure de bois qui est à terre, au fond à droite. Depuis chaque case ils doivent lancer leur lasso pour attraper (treffe en norvégien) les bois du renne, sans pour autant que le lasso ne se prenne dans un des piquets de bois à côté. Lorsqu’ils ont réussi, ils reculent d’une case jusqu’à se retrouver derrière la structure de bois. S’ils réussissent encore un coup, alors ils ont fini. Le vainqueur est donc celui qui aura fini le premier.
La gagnante des dames :
Le troisième des messieurs :
Entre les qualifications et les phases finales, on a assisté à un séminaire à la bibliothèque sur les Sames russes. On est arrivés un peu en retard alors on n’a pas tout saisi, et ensuite on s’est rendus compte qu’on était les seuls touristes dans la salle : les autres étaient des chercheurs (de l’université de Tromsø notamment), journalistes, etc. Une chose intéressante qu’on a retenue, c’est que les sames font l’objet de recherches et, parfois, les chercheurs se mettent à émettre des opinions sur la politique qu’ils devraient appliquer, et cela est dommageable.
Après les épreuves finales, nous avons visité le musée polaire (Polarmuseet), qui présente la faune et la flore polaire, les trappeurs, les expéditions. On était drôlement contents d’y aller, parce que Tromsø est le port de départ pour le Svalbard et a accueilli de nombreuses expéditions polaires telles que celles du Fram, construit pour Nansen, qui souhaitait que le bateau soit prisonnier de la glace et dérive. On peut visiter le musée du Fram et du Gjøa à Oslo – on y est allés deux fois, et je pense avoir passé encore plus de temps la deuxième fois (on peut m’y lâcher facilement 3 heures).
Un petit bémol néanmoins : la plupart des panneaux sont en norvégien. Parfois il y a un résumé en anglais, mais sinon il vous faudra acheter un petit livret à l’accueil.
Quand on est entrés dans le musée, il faisait grand soleil comme on voit sur les deux photos ci-dessus. Quand on est sortis, la tempête Ole s’abattait sur la ville et de la fine neige nous fouettait le visage. Quand on a trouvé une rue abritée, on a pu prendre quelques photos pour mon blog mode (la lumière, c’est à cause de l’obscurité/du temps gris : l’hiver on a toujours une petite lumière sur nous, ou des bandeaux réfléchissants).
Le dimanche enfin, les courses de rennes ne débutaient qu’à 13h, alors on s’est encore promenés en ville (le centre n’est pas très grand) et on a été à Polaria, un autre musée.
La cathédrale, la vraie :
Elle est aussi très belle de nuit :
On avait lu que le musée Polaria ne valait pas vraiment le coup, mais quitte à avoir du temps devant nous on s’est dit qu’on pouvait se mettre au chaud et être un peu moins bêtes. Polaria, c’est un musée sur… des trucs. un peu polaires. Enfin on sait pas trop, ils disent qu’il y a des films sur le Svalbard, et des phoques, et effectivement il y a ca – le problème, c’est que pour 120 kr il n’y a que ca, et ca fait cher le film sur le Svalbard. Même si les phoques sont cools, je ne recommanderais définitivement pas ce musée à moins que ce ne soit pour vous réchauffer.
Le championnat national de course de rennes
Nous voilà enfin au clou du spectacle : les courses de rennes!
C’est à la fois traditionnel et attraction à touristes, alors il vous faudra dépenser 150 kr pour approcher. Possibilité de rentrer et ressortir si vous avez besoin d’aller vous chercher un café. Et oui, vous aurez besoin d’aller chercher un café.
La piste fait 201 mètres de long, les animaux atteignent les 60 km/h, les commentaires sont en norvégien mais parfois le commentateur (qui dit beaucoup de bêtises, c’est drôle, on le croirait sorti de Kill Buljo) parle en anglais. Les enfants passent seuls, mais les adultes font des duels. Ensuite on n’a pas tout compris, parce que certains courraient plusieurs fois mais avec des rennes différents.
Au début, tout le monde est près des barrières et les autres touristes ont des grosses capuches à fourrure alors on voit rien, mais petit à petit tout ce monde se les caille sévère et alors il y a plein de place pour voir.
Une pause costumes traditionnels : ils n’étaient pas nombreux, mais ils étaient tous très très beaux!
Voilà, c’était un très beau WE qui donne très envie de retourner voir des évènements sames. Et en feu d’artifice, on a eu droit à nos premières aurores boréales depuis l’avion en repartant (depuis l’avion, c’est pas très facile à prendre en photo) :
Infos complémentaires :
On a dormi au Thon Hotel, qui permet d’allier chambre correcte et méga petit-déjeuner le matin, à prix correct (en Norvège) en réservant à l’avance. En plus, au Thon Hotel Polar de Tromsø, on prend le petit déjeuner dans le restaurant Egon adjacent, à la belle déco rustique, ce qui est méga koselig.
Pour en savoir plus sur Tromsø, vous pouvez aussi regarder le blog des Retour du Monde, ou de Julien Fumard. Pour les sames, regardez du côté de chez Keep-calm-and-have-a-krisprolls et enfin, pour l’élevage des rennes en Laponie finlandaise je vous envoie chez Mélodie Gagneux!
PSsst :
J’ai changé le look du blog, histoire de mettre plus en avant les photos, et jouer avec les catégories en page d’accueil. Ca me trottait depuis longtemps dans la tête.
J’ai aussi remis en ligne la page Facebook du blog (que j’avais créée et cachée), parce que peut-être certains préfèrent Facebook aux flux RSS.
Le Polarmuseet, putain, j’aurais du y aller. Je croyais à une vaste arnaque avec deux, trois babioles dans le musée…
Le Tromsø que tu nous montres là, avec la fête des samis donne un côté folklorique à la ville (qui bien sur n’existe pas en dehors). Surtout quand tu vois la course de rennes qui se déroule dans la rue principale
Pour un peu on se croirait chez les éleveurs de rennes.
De bien jolies photos malgré les conditions difficiles !
He beh le Polarmuseet parait petit depuis l’extérieur, mais il y a de quoi s’occuper longtemps si on est intéressés.
Merci! Le petit côté folklorique apparait surtout sur les photos, parce qu’en vrai le jour de la fête nationale, les rues étaient assez vides… Heureusement ca s’est rempli le samedi/dimanche.
Wahou ! Je suis trop contente d’avoir découvert ton blog grâce à HC ! Je rêve depuis longtemps d’aller en Norvège et c’est super de pouvoir voir des articles qui en parlent
Et tes photos sont magnifiques !
Merci beaucoup :))
C’est drole, j’ai une appli meteo, ou j’ai ajouté tromso, je suis fasciné par l’alternance nuit-jour du coté du pôle.
Je vois donc depuis des mois quelques images vu du satellite de Tromso, maintenant avec ton article je decouvre que le batiment en pointe était une eglise, finalement Tromso c’est pas mal, faut aimer le froid quoi !
Contente que cet article ait servi à quelque-chose!