Deux trois chøses sur la Norvège

Deux trois chøses sur la Norvège

Voilà quelques-unes des anecdotes que l’on raconte lorsqu’on rentre en France et qu’on nous demande comment c’est, la Norvège – sauf à ma grand-mère, qui est bien plus préoccupée par ma coiffure.

Å prøpøs d’égalité

Le congé parental est d’à peu près un an. Il est divisible entre le père et la mère, mais 10 à 14 semaines (je n’ai pas suivi les changements du nouveau gouvernement* à ce sujet) sont strictement réservées au père. D’un point de vue personnel, je trouve que c’est très très bien pour l’égalité hommes-femmes. Pas de discrimination à l’embauche, pas de réflexions.

L’autre fois, j’ai pensé que je ne parlais pas assez bien norvégien parce que je serais incapable de comprendre une blague salace au boulot (si seulement il n’y avait que ce symptôme!). Puis j’ai réalisé qu’en fait, c’est simplement parce qu’il n’y a pas de blague salace! Les messieurs ne tournent pas la tête quand une fille passe, il n’y a pas d’insinuation et personne ne dit “Ah tiens il fait chaud aujourd’hui?” quand une fille est en jupe. De tels agissements seraient même terriblement mal vus. Eh bien c’est très agréable!

À ce propos, vous pouvez lire un article de blog écrit par une francaise en Norvège, vite devenu viral (republié sur l’Aftenposten, le journal national de référence) : The Joys of Being a Woman in Norway, également repris par Grazia en francais.

* Petite nuance à propos des congés parentaux: la droite étant passée au pouvoir, la partie réservée au père devrait diminuer. L’argument étant que sinon, de plus en plus de pères prennent leur congé, or comme c’est en moyenne le père qui gagne plus, ca coûte plus cher à l’Etat… ah bah oui. Ils ont pas l’air d’avoir compris qu’imposer un congé au père oeuvre pour l’égalité salariale. (pour les articles: Google Translate marche très bien vers l’anglais)

Å prøpøs des noms

Si les pères ont droit à pleins de semaines de Pappaperm’, c’est aussi pour appendre à connaitre leur enfant. Et si les pères ont besoin de bien connaître leur enfant, c’est également pour LEUR CHOISIR UN PRENOM. HALLOOO! (oui, le hallo se dit aussi en norvégien ;) ).

En effet, ici les enfants naissent sans prénom. Les parents ont 6 mois après la naissance pour choisir. S’ils ne se sont toujours pas décidés, c’est alors l’Etat qui se charge de donner un petit nom.

Dans la catégorie “ils sont drôles avec les noms” : beaucoup de couples souhaitent donner les noms de famille des deux parents au bébé. Mais c’est pas autorisé (modulo la suite). Alors le nom de famille d’un des parents devient le deuxième prénom de l’enfant.
Exemple : Jean Dupont Martin. Nom : Martin, prénoms : Jean, Dupont.
(edit: en fait, le second nom qui compte pour du beurre, ici Dupont, est appelé Mellomnavn = nom du milieu, mais sur le passeport, c’est assimilé à un prénom)

Si transmettre deux noms de famille à son gamin semble compliqué, il est en revanche très facile de changer son nom de famille. En revanche, si le nom choisi est porté par moins de 250 (ou 100?) personnes en Norvège, il faut l’accord de chacune de ces personnes. Apparemment, l’accord est négociable.

Å prøpøs de nourriture

Si vos papilles vous ont été gré de ne pas manger de smalahove, sachez également que :

Il y a en Norvège une très très forte taxe sur le fromage, cause de mon plus grand désespoir (bien plus que la pluie). Ainsi la demi buche de chèvre se trouve en supermarché à 32 kr – en ce moment, 1 euro = 8.35 couronnes norvégiennes, donc 3.83€ la DEMI buche.
(bon en vrai je trouve aussi une buche à 39 kr, mais encore faut-il tomber dans le bon magasin pour ca!)
(et en vrai bis, les salaires sont adaptés au coût de la vie, donc on se plaint parce que le fromage est cher et que l’entrée à la piscine est à 10 euros, mais en théorie on gagne l’argent qui va avec)(n’empêche que ca fait toujours mal de voir les prix)

Les rayons les plus fournis en Norvège sont, à vue de nez, les saucisses (et la viande à BBQ encore plus en été) et les chips. Alors qu’il n’y aura que deux sortes de tomates en magasin (les tomates, et les tomates cerises) et 3 aubergines en rayon (et quand on passe à la caisse, la personne regarde intensément l’aubergine, puis se tourne vers son collègue pour demander comment ca s’appelle ce truc), il y a l’équivalent de 3 rayons entiers de chips.

Les tomates sont  arrivées tardivement en Norvège (années 60 environ). Avant cela, c’était poisson et patates à tous les repas. Un de nos collègues racontait que lorsque ses parents ont commencé à faire des pâtes bolognaises, il a dû négocier âprement pour ne pas avoir de patates en plus dans son assiettes.

Le plat national est… la Grandiosa, première pizza surgelée au sens historique et surement financier du terme. Chaque année, 60 000 personnes (sur 5 millions d’habitants) mangent une Grandiosa à Noël.

Quand on arrive à l’aéroport de Bergen, que ce soit à 6h du matin ou à 23h du soir, il y a cette odeur typique : le gras de la pølse (la grosse knacki locale) mélangé au gras de la pizza. Hmmm!

Si vous aimez le café en revanche, vous serez très heureux. La Norvège est le deuxième consommateur de café par habitant au monde. Cela vient d’un échange commercial avec le Brésil : la Norvège vend ses morues et achète du café.

Å prøpøs de politique

Alors qu’une coalition de gauche (oui, comme dans Borgen) était au pouvoir depuis 8 ans, les norvégiens ont eu envie de changement. Vraiment. Il y a maintenant une coalition de droite au pouvoir, menée par Erna Solberg et Syv Jensen, appartenant au parti de la droite et au Parti du Progrès, le parti populiste xénophobe.

Ici le Parti du Progrès se défend d’être un parti d’extrême droite et refuse toute comparaison avec le Front National (j’avais lu un article intéressant sur les fondations des partis populistes dans le sud de l’Europe et en Scandinavie, mais je ne retrouve pas la référence). Cependant il y a un point commun : longtemps mal vu à cause d’un leader peu sympathique, le parti s’est refait une image en mettant à sa tête une femme, blonde. Pour en savoir plus, par ici!

Å prøpøs de langue

Il y a deux langues norvégiennes : le bokmål et le nynorsk. Le bokmål est parlé par 85% de la population dont la région autour d’Oslo, tandis le nynorsk (littéralement “nouveau norvégien”), mélange de dialectes, est parlé surtout sur la côte ouest. Le Hordaland, région de Bergen, est donc majoritairement nynorsk, mais la commune de Bergen est officiellement bilingue.

En dépit des deux langues officielles, chaque village y va de son propre dialecte. Ainsi quand vous parlez du sujet à un collègue, il vous dira “Machin, t’auras du mal à le comprendre, il vient du Sogn”, puis “Bidule vient de Trondheim, il a un accent que même moi je ne comprends pas”, et à la fin de la journée vous entendrez certainement “le dialecte de Stavanger est très difficile”. Bref, parfois on se demande s’il y a quelqu’un qui parle facilement dans ce pays.

Pour avoir un peu d’aide, voici une carte de la facon de dire “je” en Norvège, d’après le manuel “new in Norway” élaboré par l’Etat. Oui, c’est un peu plus difficile que la carte du pain au chocolat / la chocolatine.

Quoiqu’il en soit, et même si les norvégiens demandent très souvent “Hva sier du?” (à prononcer “vassar du?”) ou encore “Kva sier du?” (“kassar du?”), c’est à dire “qu’est-ce que tu dis?”, ca ne les empêche pas de se foutre des danois.
Le danois, sous sa forme écrite, est très proche du norvégien, tandis que le suédois est plus proche à l’oral. La raison : les danois parleraient avec une patate chaude dans la bouche. Ainsi d’après les témoignages que nous avons recueilli, les norvégiens en visite à Copenhague préfèrent parler anglais.

À ce propos vous pouvez regarder cette vidéo sur les danois, en anglais avec un accent norvégien, sous-titrée en norvégien, préparée pour un show TV norvégien.

Enfin, si vous voulez maîtriser le norvégien sans parler norvégien, c’est facile : il faut apprendre à faire le “hmhm”. C’est pas un hum hum, mais un hmhm, le hmhm que vous faites quand vous parlez au téléphone et que vous êtes d’accord avec votre interlocuteur, mais vous ne voulez pas l’arrêter, et en même temps vous signalez votre présence. hmhm.

Le hmhm en Norvège, c’est en quelques points similaire au “voilà” francais : vous avez fini de dire ce que vous avez à dire et vous envoyez un signal, voilà. hmhm. Attention, les norvégiens disent aussi “voilàààà” comme nous on dirait “tadaaaaa”. Enfin, le hmhm va bien au delà du voilà, c’est comme si vous étiez en permanence en conversation téléphonique, tout en signalant votre confort : oui, il fait assez chaud, on est bien installés, le café est chaud, et je t’écoute.
C’est important de connaître la signification du hmhm, parce que lors de mes entretiens d’embauche j’avais eu beaucoup de hmhm, et je me demandais sérieusement s’ils en avaient rien à foutre de ce que je racontais. Mais après deux trois réunions où tout le monde fait hmhm au cours d’une présentation, vous comprendrez. hmhm.

Å prøpøs de l’étranger

La destination privilégiée pour les vacances est Syden (littéralement “Le Sud”). Le Sud comprend la France, l’Italie, l’Espagne, la Grèce et tout autre pays où il y a du soleil et où il fait chaud. En tête du Sud figure les Canaries, où plus de 500 000 norvégiens (soit 10% de la population!) s’est rendue l’an dernier. En partant à Noël, on avait compté 7 avions à destination de Gran Canaria dans la journée.

Et on commence à comprendre pourquoi : pour nos prochaines vacances, on ne sait pas où on ira. Moi je suis éternellement partante pour l’Islande, on pense aussi à l’Ecosse, l’Irlande… Mais le problème de ces pays-là, c’est qu’il y fait beau quand il fait beau en Norvège. On a donc le choix entre partir quand il fait enfin beau chez nous, ou prendre des vacances sous la pluie.

Enfin, petite blague apprise cette semaine : quel pays est plus grand que le Sud ? … L’Étranger!
Eh oui, les norvégiens partent soit au Sud, soit à l’Étranger!

Å prøpøs des Philippines et des au pair

Après quelques semaines en Norvège, j’ai vu un garcon dans le bus, originaire des Philippines. Alors je me suis rendue compte que jusque là je n’avais vu que des filles des Philippines.
Le fait est que la Norvège a un partenariat (c’est ce qu’on m’a dit, j’ignore s’il y a véritablement un partenariat écrit) avec les Philippines. En réalité, ce partenariat semble être dans un sens : des filles des Philippines viennent travailler comme au-pair en Norvège. À tel point que 80% des au-pair sont des Philippines.

Cela dit, il faut aussi savoir que pour certaines raisons que je ne connais pas vraiment, avoir des employés de maison (femme de ménage, nounou) coûte cher en Norvège, alors certaines familles préfèrent engager des filles au pair. Nourrie, logée, 24h de travail théorique par semaine, cours de norvégien payés, traitement comme une personne de la famille : c’est le deal théorique. Il semble néanmoins que certaines familles abusent de la situation (Google Translate marche bien vers l’anglais).

Å prøpøs d’autres trucs

La lettre å (prononcez “o”) est la dernière lettre de l’alphabet. Alors l’expression “Machin chose de A à Z” ici devient “Måchin chøse de A à Å”.

La Norvège a longtemps été en union avec le Danemark, puis avec la Suède. Quand ils sont devenus indépendants, ils ont choisi de rester une monarchie constitutionnelle… Il ne restait plus qu’à trouver leur propre roi. Alors ils ont passé une annonce pour un casting (ouais, enfin, à peu près), puis ont fait approuver leur choix par vote.

Alors qu’énormément de norvégiens ont les yeux bleus, certains d’entre eux ont d’une part les yeux marrons, et d’autre part une peau qui bronze facilement et durablement au soleil. Loin de toute considération sur l’immigration dont je fais partie, cela serait dû au naufrage de quelques bateaux espagnols de l’Invincible Armada dans la région enre Ålesund et Molde au XVI siècle. L’intégration des naufragés dans les villages n’a pas été documentée, mais il semblerait que certains gènes refassent parfois surface dans les familles.

Le cognac se trouve à bon prix en Norvège. L’alcool est vendu dans des magasins d’Etat, et très fortement taxé. C’est le degré d’alcool (et non pas le prix initial de la bouteille) qui est pris en compte pour faire ce calcul. De plus, le monopole fait que les bouteilles sont achetées en gros pour 5 millions de personnes. Ainsi pour les très bonnes bouteilles (dont le cognac, adoré ici), la taxe s’ajoutant au prix négocié donne un prix intéressant. Pour la piquette en revanche, passez votre chemin.

Les bières peuvent elles être vendues en supermarché. Mais attention aux horaires : après 20h en semaine ou 18h le samedi, impossible d’en acheter! De même un jour d’élection.

Je ne sais pas si c’est parce qu’on habite en ville, ou plus particulièrement à Bergen, mais les gens sont très sportifs. Si vous croisez quelqu’un en legging et basket fluo, c’est qu’il fait son jogging. Si en revanche il a une petite bouteille d’eau à la main, c’est qu’il part en randonnée.

S’il y a aussi des émissions de TV-réalité, la Norvège s’est spécialisée dans un genre à part : la slow-TV. Dans ce registre ont été filmés : une semaine sur l’Hurtigruten, le train entre Oslo et Bergen, comment choisir son bois : mise en place et consummation, tricoter un pull… Et ca marche! Il ne faut donc pas s’étonner que les mondiaux d’échecs aient été diffusés en prime-time – il faut dire que l’enfant prodige du pays, Magnus Carlsen, était en passe de gagner.

Enfin, sachez que cette année la Norvège fêtera les 200 ans de sa constitution. Le mois de Mai (le 17 plus précisément) devrait donc être intéressant pour une petite visite!

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12 thoughts on “Deux trois chøses sur la Norvège

  1. Pour un lieu de vacances où “il y fait beau quand il ne fait pas beau en Norvège” j’aurai bien une suggestion (par contre, niveau pluie je pense que vous ne serez pas dépaysés).

    1. Ué mais si on fait autant de chemin, c’est au moins pour voir la coupe du monde de cricket, donc février 2015 ;)
      pour la pluie, vas-y, annonce tes mm, j’ai pas peur!

  2. Je découvert ton blog. C’est génial de pouvoir se replonger dans des souvenirs grâce à celui-ci ( j’ai vécu 11mois “près” d’Oslo).
    Ah les dialectes la pire chose pour un étudiant qui essaye d’apprendre la langue (surtout maintenant, j’ai encore plus de mal à cause d’un manque de pratique). Pour ce qui est du sport, tous les norvégiens que ce soit dans n’importe quelle ville, ils aiment le sport ;).

    1. Merci!
      En fait, les dialectes, ça me passe un peu au-dessus des oreilles pour l’instant, à part pour le “kva sier du?”

  3. Exactement, on va faire genre avec les “hmhm” !
    J’avais pas vu que tu avais vécu à Grenoble, c’est rigolo, je vis la bas moi depuis 7 ans :-)
    Hate d’etre au 26 pour les vacances en Laponie :-D

  4. hello, je ris je ris. ca me détend parce que depuis une semaine je cherche le prix des bacs piétons voiture pour descendre d’Ålesund vers Bergen et je ne trouve pas et ça m’énerve! Connais-tu un site internet qui recense ces infos (aucun des sites officiels habituels en tout cas…)
    help!!!

    1. Hei,
      Tu peux regarder au choix :
      – mon article sur Ålesund (bon, on n’a pris qu’un bac et je sais plus si j’ai mis le prix)
      – les sites de Norled et Fjord1, qui opèrent généralement ces bacs.

      Au cas où tu ne trouves pas ton bonheur, cherche ‘Ferge Destination_1 Destination_2′ (pour les noms, faut regarder GoogleMaps), car Ferge=ferry.
      Lykke til!

  5. Très intéressant, tout ça! L’histoire “hmhm” est effectivement bonne à savoir lorsqu’on essaie d’apprendre la langue. :)

    1. C’est surtout très pratique de le savoir lors des entretiens d’embauche, parce que ca fait très très bizarre d’entendre ca quand on parle.

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