Il y a cette série de photos que j’ai faites aux Stazunis, je sais pas trop quoi en faire depuis ces dernières années. Avant de les faire, je pensais que je serais un peu Jack London et que je reviendrais avec un article pour Geo où je raconterais les longs hivers solitaires des pêcheurs de baleines et leur pénible adaptation au monde contemporain qui va vite, bien plus vite que les laies de la vieille tapisserie pour tomber d’humidité. Bob prépare sa cigarette entre ses grosses paluches, si grosses que seul Popeye en a de telles. Il jette un oeil vers la radio criarde qui, entre deux grésillements, avertit d’une tempête imminente. Il saisit le filtre coincé entre ses dents jaunes, crache, puis me dit “Faut pas fumer, c’est Kenny qu’est pas content”. Le chien lève l’oreille mais ne soulève pas la paupière. Demain, Bob restera à quai avec ses vieux démons.
Et puis en fait j’étais en Floride alors j’avais tout faux sauf pour l’humidité. Mais j’y reviendrai au prochain article de la série, que j’ai l’honneur de dénommer “Là où vous n’irez pas”. Non que vous ne puissiez y aller, mais honnêtement, il y a bien peu de chances pour que vous vouliez dépenser votre temps et votre argent pour vous y rendre. J’ai dépensé le premier, c’était un bon deal pour faire le reportage Geo du siècle (prochain).
La première destination où vous n’irez pas est le Grenland (non je n’ai pas oublié de o). Le Grenland est un district du Telemark, au sud de la Norvège. Il compte notamment les villes de Skien et Porsgrunn, qui se situent à 2h30 de train d’Oslo. D’après mon Petit Futé, on peut faire une ballade en bateau sur un canal et emprunter pleins d’écluses. Voilà. C’est tout. Y’a pas l’air d’avoir grand chose d’autre à voir. Du coup, il n’y a pas grand chose à montrer. Mais chaque fois que je prends la voiture et que j’étale mes jambes sur le pare-brise en regardant les champs et les vignes défiler au soleil rasant, je me dis que c’est une image typiquement française et que ce détail de la vie ordinaire bien de chez nous subira de légères modifications ailleurs. Ici j’ai donc photographié des choses ordinaires, pour montrer le Telemark.
Skien (prononcez “chii-ène”) et Porsgrunn se rejoignent par bus ou par train depuis l’aéroport de Sandefjord. On passe par Larvik, qui est aussi une petite ville sur la côte avec des maisons blanches.
A Skien et Porsgrunn, il y a des rues, avec des habitations. C’est comme chez nous me direz-vous, mais je suis sure que lorsque le long hiver norvégien se déploie on entend les ficelles des mâts, où l’on hisse le drapeau norvégien, taper et taper encore comme si la ville était hantée (j’essaie de donner un peu de noirceur, c’est pour le côté Geo).
Sauf que bon, quand même, au petit matin la vue n’est pas dégueu (surtout si on est là-haut) :
A Skien, il y a une espèce de lac qui fait aussi office de bout de fleuve, voire de mini bras de fjord. C’est l’endroit parfait pour mettre la copine de la petite sirène de Copenhague, sauf que celle-ci a vu sur une usine avec un slogan qui pourrait être une chanson hard-rock des années 70. Pas loin, le roi et la reine sont venus signer une pierre, ce qui doit figurer à l’index de leurs fonctions officielles parce qu’on avait déjà vu ça l’an dernier dans les Lofoten.
Enfin il y a une église, et surtout des magasins pour acheter des Bunad, l’habit traditionnel norvégien (3 magasins répérés en tout!).
A Porsgrunn, l’activité économique est concentrée sur une île. Lorsqu’on l’aperçoit, de loin, on ne voit que des cheminées d’usine et on n’a pas envie d’y mettre le pied.
Et pourtant, une fois sur place, si on tourne le dos…
Enfin, comment finir sans l’habituel Petit point gastronomie de ce qu’on mange avec raffinement (alias on a déjà fini le paquet de Daim que j’ai ramené)(les pays scandinaves, des pays qui savent apprécier le Daim à sa juste valeur) :
Des chips design :
Une tablette de chocolat design :
Et des cookies au Daim (pas le temps de regarder si le paquet est design ou non!)
Bientôt peut-être, en fonction des résultats, quelques recettes norvégiennes piquées dans un magazine acheté à l’aéroport!