Une fois n’est pas coutume, voici un billet à quatre mains et beaucoup d’outils pour détailler comment on a créé notre première basse-ukulélé à partir d’une boite à cigares.
En découvrant les guitares en boite à cigares, on a eu très envie de faire notre propre mic-mac. Même si je fais parfois des petites choses, nous ne sommes pas de grands bricoleurs et nous manquions également d’outils et d’espace. Qu’importe : nous avons transformé le salon en atelier, acheté des limes, des râpes, des scies et de la colle et on a emprunté le reste : fer à souder, pistolet à colle, perceuse, ponceuse.
Avant d’aller plus loin, qu’on se le dise : créer son propre instrument, qui plus est sans frette, c’est un très bon moyen d’intéresser les noobs de la musique (alias moi, la personne qui tape dans ses mains à contretemps dans les concerts). Maintenant je sais jouer “Seven Nation Army” à un rythme effréné d’environ une note par seconde. Un monsieur fabriquant ses guitares-cigar-box racontait sur un forum que son fils s’était mis à la musique et était particulièrement précautionneux avec l’instrument. Bref, c’est magique!… mais ce n’est peut-être pas la solution bon-marché pour débutant.
Voici une vidéo qui montre le travail :
(certains passages ne sont pas très stabilisés, c’est parce que je mets beaucoup plus d’amour dans le montage que dans la stabilisation)
On a commandé la plupart des composants sur internet, principalement sur l’e-shop de Cigar Box Nation – un merveilleux site qui regroupe énormément d’infos. Les frais de port sont assez élevés dès qu’on achète un manche, mais c’est une pièce difficilement trouvable ailleurs (à moins de démonter une guitare, ou de fabriquer son propre manche). Il y a un magasin revendant ces pièces à Paris, pour ceux qui seraient intéressés, mais le prix est supérieur au site (à vous de comparer en incluant les frais de port de Cigar Box Nation). Les cordes à ukulélé-basse sont des Aquila Thundergut, achetées chez Woodbrass.
Quant à la boite à cigares, nul besoin d’être fumeur pour s’en procurer une. Celle-ci a été achetée lors de notre WE à Stockholm (environ 8€, vide), mais certains magasins les donnent – par exemple le magasin de cigares près du Louvre.
Photo de mode par jour de grand beau temps (et de froid), où l’on voit un peu mieux l’entrée jack :
Voici les composants dont vous aurez besoin (je mets des liens à titre indicatif, à vous de chercher les couleurs ou de comparer les prix ailleurs, notamment chez Thomann) :
- une boite à cigares
- des cordes
- un manche
- un sillet + un chevalet
- des clés
- un potentiomètre
- des câbles
- des boutons de potentiomètre
- une entrée jack
- une plaque jack
- un micro (on a pris un piezo, parce qu’un micro magnétique ne marche qu’avec des cordes métalliques)
- des oeillets
- d’autres oeillets (si vos cordes sont assez fines)
- un talon
- (un loquet)
- des fixations de sangle
- Pourquoi tu prends une photo comme ça ? C’est moche quand c’est tout aligné.
- C’est comme ça que font les blogueurs voyage quand ils font leur valise, t’as rien suivi mon gars.
Ça a pris quelques jours parce qu’on a oublié des choses, on a défait et refait, on n’avait pas les bons outils, on a scié et rescié, rapé limé poncé. Il manque quelques étapes dans la vidéo parce qu’on travaillait parfois en parallèle (ou pourquoi on a l’impression que j’ai rien foutu). Manquent donc : le limage du manche pour fixer le sillet, le limage du sillet, la soudure du potentiomètre, la pose de la prise jack, et un ou deux trous à la perceuse.
Les outils dont vous aurez besoin :
- une scie à chantourner
- une scie
- une boite à onglet
- un fer à souder
- une pince crocodile
- une perceuse
- des limes (une plate, une ronde)
- des râpes (idem)
- un étau
- un pistolet à colle
- de la colle
En ce qui concerne les étapes, on n’a pas inventé la poudre. On s’est donc servi de :
- Instructables
- Instructables, encore
- Je vous ai déjà parlé d’Instructables ?
- Et un peu d’Instructables, spécial ukulélé
- Un schéma pour comprendre comment souder le micro et le potentiomètre, sur Cigar Box Nation
- Question bricolage spécial cigar-box, on a beaucoup regardé Glenn Watt
Si vous êtes nul en anglais, j’espère que les images de ces sources, notre vidéo et Google Translate vous aideront pour les étapes clé.
– Attention partie théorique –
Il est plus facile pour débuter de fabriquer un instrument fretless qu’ayant des frettes, mais nous avons bien évidemment décidé de marquer l’emplacement théorique des frettes sur la tranche du manche. Tout se calcule par rapport au diapason, qui est la longueur vibrante de la corde, entre le sillet, au niveau de la tête, et le chevalet. On trouve la plupart du temps les indications en pouces. Nous avons choisi une longueur de 19 pouces. Il existe plusieurs sites bien faits pour calculer l’emplacement des frettes ou des marqueurs, nous avons utilisé celui-ci. La marque de notre première frette se trouve donc, par exemple, à 1,066 pouces du chevalet (environ 2.71 cm), et ainsi de suite. Petit aparté théorique, la douzième case d’une corde est la même note, une octave plus aiguë, et son marqueur ou sa frette se trouve à mi-distance entre le chevalet et le sillet.
– Fin de la partie théorique –
Les cordes de ukulélé-basse sont assez épaisses, et comme c’était notre première réalisation nous avons préféré garder le manche comme il était, plutôt que d’élargir sa tête (mais si vous voulez élargir le manche, vous aurez sûrement des liens dans vos mails-spam \o/). Donc on n’a mis que 3 cordes. C’est pas bien grave parce que quand on est bassiste, si une corde lâche on joue sur la suivante (merci Topito). Autre conséquence de l’épaisseur des cordes : on a dû limer un des mécanismes des clés pour la corde la plus épaisse. Pour faire rentrer les cordes, on les a d’abord écrasées dans un étau.
Sur la photo suivante, vous remarquerez également que le sillet surélève beaucoup les cordes, ce qui demande un effort lorsqu’on joue.
J’en reviens au manche fretless : on a tout de même mis des repères au niveau des 3, 5, 7 et 12ème cases en pyrogravant (enfin, vous pourrez ressortir votre kit de Pygravure 2000!). Ultra pratique pour les débutants qui n’ont pas trop de repères :
Question design, on a fait dans le Danois. Le design danois, c’est souvent des pièces en bois simples et épurées, voire trop épurées à tel point qu’à présent quand on voit quelque chose d’épuré on dit que c’est très danois. La boîte à cigares étant danoise, on a choisi des couleurs simples, peu de fioritures sur le manche, des oeillets placés sagement dans un coin sans dépasser. Danois quoi. On a une autre boîte à cigares cubaine, là ça sera un peu l’explosion de petits détails.
Dernier détail “gros débutant” : si vous devez enlever la colle d’un autocollant, n’utilisez pas d’ammoniac ou de dissolvant : ça enlève le vernis. Essayez plutôt un corps gras.
Voilà pour tous les détails!
J’ajoute quelques autres photos-mode faites à Gamlehaugen un jour de froid lorsque Nordåsvannet avait gelé, ou à la maison (toutes les photos sont sur l’album FlickR).