On apprend le norvégien depuis un certain temps déjà (à comprendre qu’on avait commencé avant de déménager). Dit comme ça ça fait très hipster et ça me donne l’air très intelligente mais dans la pratique, on apprend juste la langue du pays dans lequel on vit. Et puis ça donne moins l’air intelligent que quelqu’un qui dirait “je parle mongol, anglais et hongrois couramment mais j’apprends aussi le norvégien et j’ai des notions de turc parce qu’il y a des bases communes avec le mongol” (ouais).
Et donc, pour progresser en langue il n’y a pas 36 moyens : on écoute la radio, on regarde des films, et on lit.
Normalement la radio ça me gêne pour me concentrer, mais la radio en norvégien c’est encore surtout du bruit pour moi même si je comprends le sens global des choses, notamment lorsqu’il y a des reportages sur les frères Ylvis qui représentent joie et fierté du pays. Les films, on les regarde surtout en anglais sous-titré norvégien. Ca permet de voir comment s’écrit “motherfucker” ou “asshole” en norvégien.
On lit plusieurs genres de journaux.
D’abord des bédés, mais je vais pas vous présenter Donald. Pour mon côté Princesse qui nage dans des pétales de roses, je lis Stella. C’est un magazine féminin pour les 25-35 ans commençant par 5 double-pages de pubs pour des parfums et des rouge-à-lèvres. Le contenu reste classique mais j’ai le secret espoir de comprendre la femme norvégienne, celle qui va faire ses courses en legging avec les baskets nike fluo et qui a les dents blanches. Là-dessous une interview de Hadia Tajik, première musulmane entrée au gouvernement (à la culture) et surtout plus jeune ministre de l’histoire norvégienne entrée en fonction à 29 ans. Dans un pays où le niveau master s’obtient à 25 ans pour un parcours scolaire sans détour, elle avait donc à peu près 4 ans d’expérience professionnelle à son entrée en fonction.
Ces journaux m’aident à mieux appréhender les différences culturelles. Dans ce cas : quand est-ce que François Hollande m’appelle ? Est-ce que moi aussi je devrais poser dans Elle ?
Pour la deuxième question, je suis en plein débat intérieur mais l’idée que non, ce n’est pas si bizarre de voir une ministre parler de son parcours dans Stella, est en train de l’emporter. Surtout ici où on ne ressent pas les rapports hiérarchiques de la même façon (mon chef, ce n’est qu’un collègue avec plus d’expérience, de responsabilités et une vision plus globale. Un collègue quoi.).
J’essaie aussi de lire Teknisk Ukeblad, un journal qui parle d’industrie en Norvège, ce qui entend tout ce qui tourne autour de l’énergie (dont, en grande partie, le pétrole). J’espère avoir l’air très érudite en vous disant ça, parce qu’en vrai j’ai pas dépassé l’édito tant j’ai du chercher de mots dans le dictionnaire.
Je continue à vous montrer mes coussins Ikea et j’en arrive enfin à nos moutons d’automne, avec Fjell og Vidde, le magazine édité par l’association de randonnée norvégienne (DNT).
En ce moment les hirondelles se regroupent et s’en vont, la météo nous promet un jour de beau-temps par semaine dont je ne vois jamais poindre le nez, les jours diminuent (c’est l’équinoxe!) et bientôt il fera nuit, beaucoup. Autant dire que l’automne, le vrai, pas l’été indien où on met une veste parce qu’on l’a achetée pour la rentrée et qu’on l’aime bien on a envie de la montrer, c’est pas la partie de l’année que j’attendais impatiemment ici. Et c’est là qu’arrive Fjell og Vidde.
Dans le numéro de ce mois-ci : des exemples de randonnées d’automne dans votre région, des refuges où il fait chaud après une bonne journée de rando, la cueillette des Tyttebær (les airelles rouges en français), le tout accompagné de superbes photos. Autant dire qu’après avoir lu ça, on a enfilé nos chaussures pour aller dans le premier bois voir si on trouvait des Tyttebær (réponse, comme toujours : non, mais y’a des moutons).
Et tout d’un coup on relève la tête, on bombe le torse et on dit Mais oui! c’est l’automne! c’est super cooooolll! on va pouvoir se réchauffer dans les refuges, mettre des bottes de pluie et mettre des bonnets! (c’est mon côté blogueuse mode) Vive l’automne!
Quand j’ai lu cet article, j’ai repensé à ce que j’avais lu quelque part : ici on est très encouragé à sortir se promener dans la nature ou à s’inscrire dans un club de sport. Et en France, il faudrait que le ministère de la santé y pense.
Enfin, dernier élément clé de la compréhension du norvégien qui fait du jogging avec son chien : la bouffe!
L’an dernier j’avais acheté Mat fra Norge, qui donne des recettes pas toujours très norvégiennes mais certainement très fondantes-croquantes. On n’a pas racheté le magazine depuis parce qu’en vrai, il y a périodiquement des mini-recueils de recettes édités par les supermarchés, le tout avec la liste des produits à acheter dans le magasin pendant qu’on y est. Malin! Exemple à l’arrivée de l’été : comment résister à l’envie de faire un barbecue quand on vous montre tant de recettes?
En ce moment, ce sont les recettes traditionnelles norvégiennes. Et ouf, il y a la recette du fårikål! (info : le å se prononce “o”, donc il faut dire foricol)
Le fårikål, c’est un plat typique dont on n’avait jamais entendu parlé jusqu’à cette semaine, lorsque la prof de norvégien a expliqué que jeudi prochain c’est la fête du fårikål (YOU PI !)(je vous envoie vers le site des amis du fårikål au cas où la recette vous plaise vraiment). Et puis comme nous on est des gens s’investissant beaucoup pour notre intégration dans la société (= quand elle a dit que le vendredi, les norvégiens mangeaient des tacos, on s’est fait des tacos le vendredi suivant)(on n’a jamais dit qu’on était très malins), elle m’a regardé et a dit que siiiii, je devais essayer.
Voilà, donc, mesdames-messieurs : la recette du fårikål avec la participation du Bocuse d’or!
Je suis grand prince et je montre qu’à défaut de parler mongol et turc, je comprends un peu le norvégien:
Préparation + cuisson : environ 2h
Ingrédients :
- environ 1.5 kg de viande à fårikål (oui, c’est vendu sous ce nom là tout spécialement en ce moment) = des gros morceaux de mouton
- un chou
- sel
- du poivre (non moulu)
- farine
- laurier
- eau
- 600g de patates
- persil
Coupez le chou en tranche. Faites mijoter dans une grande casserole la viande et le chou déposés en couche (la première couche étant le gras du mouton) et ajoutez un peu de sel, de poivre et de farine entre chaque couche.
Ajoutez du laurier et de l’eau pour couvrir le tout. Laissez cuire jusqu’à ce que la viande soit tendre et se détache des os (environ 2h).
Faites cuire les patates dans de l’eau et du persil fraichement hâché. Servez le tout!
Ici sans les patates :
Alors, c’est-y pas trop cool l’automne? On va pouvoir manger du mouton et du chou en repensant avec émotion au confit de canard et à la tartiflette.